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Si d’aucuns ignorent encore le sens même de la pisciculture marine, cela s’explique sans doute en partie par le caractère récent de la discipline, en effet apparue en France dans les années 80. Il convient aussi de noter que la filière reste modeste avec seulement une petite trentaine d’entreprises. Aussi, en dépit de nos 5 500 kilomètres de façade maritime, nous importons encore énormément notre poisson. Avec la mise en œuvre de techniques d’élevage durable, les professionnels ont tout de même l’occasion de se démarquer pour gagner des marchés et contribuer au développement de cette activité dans notre pays, un enjeu loin d’être négligeable eu égard à la raréfaction de la ressource halieutique.
Au même titre que l'algoculture (culture d'algues), la conchyliculture (élevage de coquillages marins ) et la carcinoculture (élevage de crustacés, principalement crevettes et écrevisses), la pisciculture est l’une des branches de ce qu’on appelle l’aquaculture. Elle correspond quant à elle l'élevage des poissons en milieu naturel ou en bassin artificiel, destinés à la consommation. En France, la pisciculture regroupe trois secteurs d’élevage que sont la pisciculture marine, la pisciculture d’étangs (dont plus de la moitié de la production pour le repeuplement) et la salmoniculture.
Il convient de bien distinguer la pisciculture marine de la pisciculture en eau douce, qui comprend notamment l’élevage de poissons ornementaux. L’élevage a lieu dans des cages flottantes ancrées sur le fond marin dont les parois sont constituées de filets ; le poisson est élevé dans le milieu naturel.
Depuis quelques années, l’activité est de plus en plus fréquemment désignée par l’expression “pisciculture marine et nouvelle”, le terme nouvelle faisait spécifiquement écho à la production d'esturgeon qui, bien qu'élevé en eau douce, jouit de techniques d'élevage analogues à celles des poissons de mer.
Les entreprises de cette branche aquacole se consacrent à l’écloserie marine et / ou au grossissement des poissons en mer. Elles sont répertoriées sous le code NAF 0321Z qui englobe très largement les différentes activités d’élevage commercial d’espèces aquatiques en eau de mer.
Avec 61 000 tonnes produite en 2014, la France arrive en troisième position en termes de production piscicole (eau douce comprise) derrière la Grande-Bretagne et l’Italie. D’après l’INSEE, la pisciculture marine produit 8 fois moins de tonnes de poissons que la filière piscicole continentale. En 2015, elle a enregistré un chiffre d’affaires de seulement 41,4 millions d’euros sur les 619,3 millions de chiffre d’affaires de la filière aquacole.
Après une croissance soutenue entre le moment de sa création (début des années 1970) et le milieu des années 90, la filière de la pisciculture marine connait toutes les peines du monde à poursuivre son développement. La concurrence avec l’activité touristique et la rareté des sites disponibles sont deux raisons qui expliquent ses difficultés. A lui seul, l’élevage de bars et de daurades compte pour environ ¾ de la production de poissons de mer en France réalisée en 2019 par une trentaine d’entreprises.
C’est un secteur particulièrement concentré, en effet environ un tiers de ces sociétés seraient à l’origine de 80% des ventes.
La spécialité où la France se distingue le plus favorablement n’est autre que l’alevinage, son chiffre d’affaires dans ce domaine a plus que triplé durant la première décennie du 21ème siècle. A noter que l’immense majorité de cette production d’alevins est exportée.
La répartition géographique des fermes piscicoles marine et nouvelle de France métropolitaine accessible à cette adresse nous livre deux enseignements intéressants :
L’essentiel des poissons d’élevage marins produits en métropole sont présents dans la région ouest (façade atlantique et littoral de la Manche), à l’exception des soles.
Sont uniquement produits sur le pourtour méditerranéen (littoral corse compris) des bars et des dorades.
En Martinique, et dans une moindre mesure en Guadeloupe et à Mayotte, on se consacre à la production de l’ombrine ocellée.
Pour acquérir les compétences nécessaires à l’exercice d’éleveur, il est par exemple recommandé de suivre un BTSA Aquaculture. Avant ça, il est notamment possible de préparer le Bac pro cultures marine. Le CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) propose en outre une formation spécifiquement dédiée à la filière de la pisciculture marine. Accessible seulement aux personnes ayant déjà de solides connaissances en physiologie des poissons, elle permet d’apprendre entre autres les techniques d’écloserie, les besoins nutritionnels des poissons et les conditions optimales d’un élevage piscicole. La parfaite maîtrise de l’environnement - tant en termes de lumière que de température - et la création conditions propices à la reproduction, un éleveur du Groupe Aqualande en parle certainement mieux que quiconque à travers une vidéo Youtube.
La filière piscicole dispose-t-elle d’un potentiel inexploité ? Les observateurs avisés semblent partager sur le sujet. Pour un directeur d’une grande ferme marine située en Charnte-Maritimes, la France “n’a pas voulu d’élevages piscicoles”. D’autres comme le fondateur du cabinet Via Aqua estime qu’il y a des particularités structurelles auquelles les professionnels se heurtent. "En dépit de la longueur de son littoral, il n'y a pas énormément de sites abrités et faciles d'accès en France. Et la température de l'eau n'est idéale ni pour les poissons d'eau froide ni pour ceux d'eau chaude” explique-t-il.
Pour les nouveaux entrants, la seule motivation ne suffit pas pour contribuer au développement de la filière. Ils sont contraints de respecter une réglementation stricte, avec la mise en oeuvre d’une étude d’impact avant installation, et la réalisation d’un suivi environnemental régulier afin de s’assurer que l’impact est acceptable et maîtrisé. De plus, la mise sur le marché de poissons issus de la pisciculture est soumise à l’obtention de l’agrément zoo sanitaire. Fort heureusement, des entrepreneurs surmontent ces difficultés et mettent l’accès sur la qualité des conditions d’élevage. Chez Aqualande, on fait particulièrement attention à la composition de l’alimentation donnée aux poissons, avec 75% de la formule composée de protéines végétales. Quant à Gloria Maris Groupe et sa filiale France Turbot Ichtus, ils ont obtenu dès 2018 une certification européenne bio pour la production d’alevins de bars.
Par ailleurs, nul doute que ces locomotives du marché aquacole tricolore s’informent des initiatives intéressantes mises en œuvre à l’étranger, à l’instar de fermes piscicoles marines chiliennes équipées de LED permettant, entre autres, d’améliorer les taux de conversion alimentaire.
Crédit photo : Jakub Kapusnak
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